Le pèlerinage d’Amarnath

Inde, Août 2014. Je me suis rendu cet été dans les montagnes du Cachemire, dans le Nord de l’Inde, à l’extrême Ouest de l’Himalaya, pour Amarnath Yatra, le pèlerinage à la grotte d’Amarnath, le Seigneur Immortel, c’est-à-dire Shiva.

Petite remarque linguistique rappelant que les langues européennes et les langues issues du sanscrit, tel l’Hindi, ont la même origine : on note la présence du préfixe privatif « a- » dans amar, Immortel (mar est la racine du verbe tuer), tout comme dans Athanase, prénom d’origine grecque et ayant la même signification, ou dans apathie, anarchie, apatride, etc. On retrouve par ailleurs ce « a- » privatif dans amrita, l’ambroisie de l’Inde, le nectar d’immortalité des dieux, formé à partir de la racine mrit signifiant la mort (voir aussi Amritsar, le Lac de nectar, ville sainte du Sikhisme au Nord de l’Inde), ou encore dans Ahimsa, la Non-violence, principe rendu célèbre en occident par Gandhi. On remarque en outre la ressemblance des mots mar et mrit avec les mots français mort et meurtre, issus d’une même racine indo-européenne.

Pahalgam

J’arrive à Pahalgam à 18h30. Cette petite ville est normalement une étape du pèlerinage, l’endroit où Shiva, en se rendant à la grotte, aurait laissé le taureau Nandi, son véhicule (les dieux de l’Inde sont ainsi pourvus d’un véhicule, appelé vahana, qui peut être un animal ou une créature mythologique. Par exemple, Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, a pour véhicule une souris). Je suis fatigué après mon long voyage depuis Delhi pendant lequel je n’ai pratiquement pas dormi, et très peu mangé. Je décide donc de passer la nuit dans une guesthouse où j’espère trouver plus de confort et de repos. En effet, avec le permis, obligatoire pour faire ce pèlerinage, je suis considéré comme un pèlerin (yatri), et à ce titre je peux pénétrer dans le Pilgrim Base Camp pour y trouver pour 100 roupies une tente et pouvoir manger gratuitement. Je profiterai néanmoins de ce second avantage, malgré l’étrange sensation d’être un imposteur. Si la chambre paraît plutôt propre, bien que l’humidité se soit attaquée à certains murs, la salle de bain est quelque peu répugnante. Oh certes, pas de gros cancrelats, comme il m’est arrivé de rencontrer, mais malgré tout, ces milliers d’insectes parcourant le plafond et les milliers d’autres qui, morts, gisent sur le sol et dans la baignoire ne donnent pas à la pièce un aspect très engageant. Quand je me rends compte, plus tard, que je ne pourrai pas compter sur l’eau chaude promise, je suis définitivement déçu. Le coup de grâce sera donné le lendemain matin, lorsque je me réveillerai avec des dizaines de boutons sur le corps et les jambes, me rendant alors compte que j’avais partagé mon lit avec des puces !

A Pahalgam, bien que ce soit le point de départ d’un pèlerinage hindou, nous sommes clairement au Cachemire, en terre musulmane. Et, actualité oblige, les tags « free palestine » et autres soutiens à Gaza abondent. Un Cachemiri ose même me dire que si un Israélien venait ici, on le tuerait certainement. Il venait juste de me demander si j’étais Israélien… Mais comme l’Islam est loin de former une seule et unique religion dont les membres partagent un sentiment de fraternité, un autre me dit avec la plus grande franchise, aimer tout le monde, musulmans, hindous, chrétiens, mais haïr les chiites !

Je fais un tour dans le camp de base. Pour pouvoir y pénétrer il faut montrer son permis de pèlerin et passer par un détecteur de métaux. Il faut dire que le Cachemire n’est pas une région sûre. Ce territoire réclamé par le Pakistan est sous tension depuis l’indépendance il y a près de 70 ans, et ça ne semble pas devoir s’arranger dans les années à venir. Une vingtaine de pèlerins avaient été tués il y a quelques années par des terroristes, et depuis, le gouvernement a largement renforcé la sécurité sur tout le parcours, disposant des centaines de soldats armés un peu partout.

A l’intérieur du camp c’est très calme. Aucun pèlerin – ils arrivent le soir et repartent le matin – et finalement peu de tentes, le pèlerinage touchant à sa fin dans quelques jours. Moi qui espérais voir ces foules dont j’avais entendu parler, je suis un peu déçu ; j’aurais du venir un mois plus tôt. Quelques vendeurs espèrent encore vendre aux derniers yatris leurs articles : bâtons de marche, vêtements chauds, ponchos contre la pluie, et bien sûr divers objets de dévotion, photos de la grotte d’Amarnath, chapelets, mini tridents, etc. Je vais manger dans un des deux restaurants où la nourriture est offerte. Ici, pas d’oignons, me dit-on : c’est aphrodisiaque. Ça empêcherait le pèlerin de se concentrer sur des choses spirituelles au cours de sa longue marche. Pendant mon repas, un homme habillé en blanc, un swami (maître), s’approche de moi, et, en mêlant un peu d’Anglais avec beaucoup de Hindi, il essaie de me convertir à l’hindouisme. « Il y a beaucoup de preuves », dit-il. Moi je ne comprends pas la moitié de ce qu’il débite mais ça n’a pas l’air de le décourager.

Sa prêche ressemblait à quelque chose comme ça : l’Hindouisme est vrai parce qu’il est ancien, il a des millions d’années d’existence ! Bien plus ancien que l’Islam et que le Christianisme qui n’ont même pas deux mille ans. Il est vrai par le volume de ses Écritures. Le Coran, à côté, est si ridiculement petit qu’il ne peut au mieux contenir qu’une infime partie de la vérité. Krishna a vécu 1500 ans, et d’après un des nombreux Puranas, il aurait rencontré Jésus. D’ailleurs, ce dernier n’est pas mort sur la croix. Ses disciples l’ont amené en Inde pour le soigner, ici même, au Cachemire.

Je connaissais déjà cette histoire-là. On montre d’ailleurs sa tombe à Srinagar. Tai le batelier disait l’avoir rencontré, ce vieux « Christ chauve et goulu », dans Les enfants de minuit. Et Mary avait entendu la rumeur à propos de sa tombe et des pieds percés sculptés qui, paraît-il, avaient saigné. Et Notovitch avait parlé de Jésus, et du manuscrit de Hémis, au Ladakh. Je ne cherche pas à débattre de tout ça ; d’ailleurs, c’est finalement divertissant. Bref, si je passe par Tirupati, je serai le bienvenu.

Premier jour de marche

Si le pèlerinage commençait à l’origine à Srinagar, les moyens de transport modernes l’ont considérablement raccourci. De Pahalgam, on partage désormais avec d’autres pèlerins un taxi qui nous conduit à Chandanwari qui est le véritable départ de la marche. Ici, Shiva aurait laissé la lune (en Hindi : Chand) qu’il a dans les cheveux. A peine passé le nouveau service de sécurité, je me retrouve assailli par des Cachemiris décidés à gagner de l’argent en me louant un cheval, ou en me vendant un poncho, parce qu’il va pleuvoir. Météo Kashmir n’a pas l’air plus efficace que Météo France. Comme mes refus répétés ne les découragent pas et qu’en avançant aux premiers s’ajoutent toujours plus de ces indésirables, je me décide à attendre un groupe de pèlerins. Venus du Madhya Pradesh, ils font un voyage-pèlerinage de 15 jours, qui les conduira, après la grotte d’Amarnath, à celle de Vaishno Devi, près de Katra. Entre autre.

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Les pèlerins traversent des paysages magnifiques

Le départ, jusqu’au Pissu top, est raide. Outre la fatigue, il faut supporter les nombreuses sollicitations de Cachemiris (ceux qui insistent et insistent et…), parfois des enfants, proposant leur ghora (cheval) pour un bout de chemin. Je suis surpris de n’entendre que rarement « Horse » en Anglais lorsqu’ils s’adressent à moi, pourtant évidemment un gora (Blanc), et je m’imagine avec une certaine fierté, bien que ce soit très certainement faux, être un des rares étrangers à venir ici (Mon jeu de mot ghora / gora est un peu boiteux, je dois l’admettre, puisque non seulement le « g » est différent, mais le « r » aussi. Mais une oreille française peu exercée comme la mienne aura du mal à faire la distinction). Il faut souvent s’arrêter en chemin pour laisser passer les nombreux chevaux, plus rapides, qui montent des pèlerins ou descendent les affaires de Cachemiris qui n’attendent pas la fin définitive du pèlerinage pour démonter les tentes et plier bagages. A chaque fois qu’un pèlerin en double ainsi un autre, ils se saluent d’un « Jay Bhole ! », d’un « Bam bam Bhole ! » (Bhole, ou Bholenath étant un des nombreux noms de Shiva ; Jay correspont grosso modo à notre « Vive … ! ». Bam bam signifie, euh… ), d’un « Har Har Mahadev ! » (Ou peut-être « Hari Har Mahadev, Hari, »jaune, or », est un nom de Vishnou, Har, le Destructeur, un nom de Shiva, et les deux sont réunis sous le nom de Mahadev, Grand Dieu. Dev, Dieu… On aura compris : encore cette histoire de langues indo-européennes). Parmi ceux-ci, on trouve principalement des hommes, dont des sadhous, pieds nus ou en sandales, finalement assez nombreux. J’en ai vu un avec une fausse peau de panthère autour de la taille, à la manière de Shiva, le dieu yogi. J’ai vu deux musiciens venus du Rajasthan, dont l’un voyageait avec sa cithare. Quelques femmes sont là aussi, et plus rarement des adolescents. Aujourd’hui, depuis la mise en place du permis, les enfants et les personnes très âgées ne peuvent plus participer, ceci afin d’éviter les accidents mortels (beaucoup de crises cardiaque) qui arrivent chaque année. Malgré cela une trentaine de personnes sont déjà décédées cette année. Outre ceux qui louent un cheval, il y a ceux qui louent un palanquin, à l’ancienne, comme on transportait les personnes importantes autrefois. D’autres, plus modernes, voient la vallée depuis le ciel, payant pour quelques 4000 roupies (seulement 50 € !) les services d’un hélicoptère. Drôle de pèlerinage quand même, qu’un aller et retour en hélicoptère…

Le projet de départ était d’arriver le premier jour au camp de Sheshnag. Ce camp est situé près d’un magnifique lac turquoise où Shiva aurait laissé le cobra (en Hindi : nag, mais Sheshnag est le nom du roi serpent dans la mythologie) qui lui sert de collier. Etant arrivés en milieu de journée nous décidons de poursuivre notre marche. Nous nous arrêtons finalement après le plus haut col de ce pèlerinage, Mahagunstop, perché à 4400m environ, là où Shiva laissa son fils Ganesh. On me conduit avec mes compagnons vers un bâtiment de béton sans fenêtre qui ne contient rien d’autre qu’une épaisse couche de poussière et deux rangées de lits superposés – par trois, et non deux comme on voit d’habitude – et on nous annonce que nous dormirons à trois dans chaque lit, 9 personnes sur moins de 3 mètres carrés au sol, difficile de faire plus efficace. Mais je serais ingrat si je me plaignais, la nuit dans le dortoir étant offerte, comme la nourriture, à tout pèlerin.

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Le lac de Sheshnag

Amarnath Gupha

Quand je me réveille, je n’ai plus que 14 kilomètres à parcourir jusqu’à la fameuse grotte du Seigneur Immortel. Je suis excité à l’idée de voir de mes yeux, dans son temple naturel, ce lingam swayambhu,c’est-à-dire apparu de lui-même sans intervention humaine, objet d’adoration depuis des millénaires. Il s’agit en réalité d’un simple stalagmite de glace qui croît et décroît chaque année suivant l’alternance des saisons, mais sa forme et ce lieu avaient tout pour lui donner un air surnaturel en Inde où Shiva est au centre d’un culte phallique. Des lingams de pierre, appelés aussi Shiv ling, en fait des phallus, symboles de la puissance (pro)créatrice du dieu, sont adorés partout dans le pays. Ils sont la plupart du temps encastrés dans un yoni (un vagin) plus ou moins stylisé. Lors des poudjas, ou rites religieux, il est ainsi courant de verser sur ces lingams un peu d’eau ou de lait, dont la signification est évidente. J’ai assisté une fois à une telle cérémonie mais d’une ampleur inhabituelle, alors que je traversais le Marwar à pied. Je trouvai sur ma route un petit temple de campagne, près de Kurki, où une foule était rassemblée. Pendant la poudja, alors que certains récitaient des prières, une partie des dévots présents formait une chaine pour verser sur un gros lingam des seaux d’eau venant de deux camions citernes. Ces milliers de litres inondant le mandir (temple) laissaient imaginer la très grande puissance de Shiva.

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Un sadhu se rendant pieds nus jusqu’à Amarnath

Les anciens livres des hindous, les Puranas, parlent déjà d’Amarnath, en supposant qu’ils parlent bien de la même grotte. Parce qu’il faut quand même reconnaître que cette grotte oubliée depuis la nuit des temps a été découverte, d’après une légende, par un berger musulman du nom de Buta Malik il y a quelques siècles seulement. Une jolie légende naïve à souhait qui parle d’un saint, de charbon transformé en or et d’un berger musulman reconnaissant qui découvre le lieu sacré des hindous.

Je passe par Panchtarni, où Shiva laissa les cinq éléments (panch signifie cinq), la terre, l’eau, l’air, le feu et le ciel dont il est le maître. Entre le Sangam (confluent de deux cours d’eau ou rivières. Un des Sangam les plus célèbres pour les Hindous est celui d’Allahabad, dans l’Uttar Pradesh, où se rejoignent trois rivières sacrée : le Gange, la Yamuna et la mythique Saraswati) et la grotte il faut traverser un glacier légèrement glissant et très boueux. J’imagine l’impression visuelle que pouvaient donner ces foules marchant en file indienne (c’est le cas de le dire !) de part et d’autres de la vallée. A la place, je ne vois que quelques dizaines d’hommes et de femmes à pied ou à cheval. Et ce sadhou, vieux et fatigué, avançant lentement, pieds nus, dans la glace. Pourtant, ce moment était magique. La grotte était là-bas, immense, au fond de la vallée. Je pouvais la voir. Et toutes ces tentes de bâche bleue, dressées pour ces 40 jours, pour accueillir des vendeurs de prasads et autres chapelets, ou pour abriter une gargotte ou un vendeur de thé impressionnaient. Mes compagnons sont en sous-vêtements, un savon à la main, les pieds dans le ruisseau vert menthe, pataugeant avec quelques déchets de plastique. Ils sortent bientôt de leurs sac à dos des pantalons de ville et des chemises impeccablement repassés et pliés et des chaussures d’un noir brillant. Il s’agit d’être beau et propre pour pouvoir prendre le darshan (vision divine) de Shiva l’Immortel. Ils achètent chacun des prasads, une assiette de carton contenant du riz soufflé et quelques morceaux de pommes séchées. Je fais de même.

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La grotte où Shiva révéla le secret de l’immortalité

Puis commence la longue montée vers la grotte, après avoir évidemment passé un énième détecteur de métaux, sur un horrible escalier de béton, le sachet de prasads à la main. J’aurais aimé venir ici à l’époque où il n’y avait rien d’autre que la montagne brute dans une ambiance mystique. Mais la laide modernité est passée par ici. Avant d’arriver en haut, devant le stalagmite, il faut enlever ses chaussures. C’est que nous pénétrons sur une terre sainte, comme celle que Moïse foula devant le buisson enflammé. Le parterre dalé est trempé, il fait trop chaud, la glace fond. Dans sa cage, le phallus de Shiva n’est plus en érection. Du stalagmite sacré, il ne reste qu’une large galette glacée et suintante légèrement bombée. Ceux de Parvati et Ganesh, épouse et fils de Shiva, sont eux carrément invisibles. Ça n’empêche pourtant pas les dévots de jeter des billets à travers la grille et de se prosterner avec recueillement. Après tout, c’est ici que Shiva se retira avec Parvati, dans un endroit si éloigné que nul créature ne pourrait entendre ce qu’il voulait lui dévoiler : le secret de l’immortalité. On dit pourtant que deux pigeons blancs l’ont écouté à son insu et sont ainsi devenus immortels. Le pandit le confirme en montrant deux nids dans la grotte : ils sont toujours là. Je ne les ai pas vus. C’est à lui qu’il faut remettre nos prasads. Il n’en prend qu’une partie, le reste, béni, est ramené par les pèlerins à leurs familles. C’est comme les tchinlaps des bouddhistes tibétains, c’est souvent sucré. Il faut croire que les dieux ne sont pas sujets aux caries. Moi je mangerai le reste dans la voiture qui me conduira à Jammu demain, mon estomac s’impatiantant ; Shiva me le pardonnera. Après m’avoir collé de la peinture rouge entre les sourcils, le tilak, le pandit noue autour de mon poignet droit un morceau de ficelle rouge, venant s’ajouter au bracelet qu’on m’avait donné au Pérou alors que je remontais le rio Marañon dans une lancha (c’était après l’attaque d’autres Indiens, amers) il y a déjà presque quatre ans. Mon voeu – parce que c’est un bracelet magique – était sensé s’accomplir lorsqu’il se romperait ; je n’ai rien souhaité. Sans doute ne se rompera-t-il jamais. Les effets du nouveau, celui du pandit, sont censés être immédiats. J’ai effectivement tout de suite senti que quelque chose avait changé. Mon karma sans doute. Le coton est plus puissant que les fibres synthétiques.

J’ai eu mon darshan, avec une pointe de déception peut-être. L’impression d’être arrivé trop tard. J’aurais du venir un mois plus tôt… Un siècle plus tôt… Deux jours de marche, plus de quarante kilomètres, pour quelques secondes devant une grille, les pieds dans une flaque d’eau : c’est déjà terminé. Je n’ai plus qu’à rentrer, descendre la vallée, par Baltal c’est plus court : 14 km. Je croise un ascète, vêtements oranges, assis au bord du chemin, fatigué. « C’est encore loin ? » me demande-t-il. « Environ cinq kilomètres ». « Non, ce n’est pas possible, depuis le temps que je marche… Il ne doit y avoir que deux ou trois kilomètres ». Mon pauvre vieux, d’ici on voit loin en aval, et aucun village ne se manifeste. Je sais, pour moi aussi, le chemin du retour est toujours plus long, plus difficile, une fois l’excitation, l’impatience, la curiosité disparues.

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