Certains touristes de passage à Delhi visitent un endroit un peu particulier : le Charity Bird Hospital, un hôpital pour oiseaux situé dans l’enceinte d’un temple jaïn près du Lal Qila.
250 ans plus tôt et à un millier de kilomètres de là, à Surate, le premier comptoir français en Inde, un voyageur découvrait avec étonnement un établissement du même genre :
« Le 12 juillet, les Indous célébrèrent la fête des mouches (…). Cette fête me fit penser à aller voir l’Hôpital des animaux, dont plusieurs personnes m’avaient déjà parlé.
(…)Les animaux, dans cet hôpital, sont nourris aux frais des Banians, et servis par des Brahmes logés dans l’enceinte, jusqu’à ce qu’une mort naturelle les dérobe à leurs soins. J’y ai vû une tortue de terre longue de deux pieds et demi, haute d’un pied et demi, et large d’un pied. C’était le plus vilain animal qu’on pût voir ; elle avait peine à marcher : on me dit qu’elle avait cent ans. Les insectes, puces, punaises, etc., sont hors de l’enclos, à gauche en entrant. Leur nourriture consiste en riz, farine et sucre, qu’on leur jette de tems en tems par la porte.
La vûë de l’hôpital des animaux, entretenu par des êtres raisonnables, avec tout l’ordre et le soin, le zèle même que l’on pourrait exiger d’eux s’il était question de leurs semblables, et cela dans un pays où il n’y a pas d’établissements publics, ni pour les malades, ni pour les vieillards ; la vûë d’un pareil hôpital aurait de quoi étonner, si l’on ne sçavait pas que la nature se plaît aux disparates, en Asie comme en Europe. »
Source :
• Anquetil-Duperron, Zend-Avesta : Discours préliminaire (1760), cité dans Les Indes florissantes, Anthologie des voyageurs français (1750-1820) de Guy Deleury :
Un hôpital pour les animaux pp 720, 721