Le massacre de Khejarli

Parmi les nombreuses religions et sectes nées en Inde, il y en a une qui est étonnamment moderne : celle des Bishnoïs. Créée il y a cinq cents ans par le guru Jambaji, cette philosophie se caractérise par le respect de toute forme de vie et la protection non seulement des animaux, mais aussi des arbres. Ainsi, en 1730, quelques 363 Bishnoïs perdirent la vie pour empêcher des arbres d’être coupés par les soldats du maharajah de Jodhpur. Cette histoire, connue sous le nom de Massacre de Khejarli, fut raconté à William Dalrymple par Mohan Bhopa, qui s’inquiètait de voir les orans, ou bosquets sacrés, disparaître peu à peu

« Je lui demandais s’il restait des orans à la gloire de Pabu.

« Oui, il y en a un près de notre village. Jusqu’à maintenant on a pu sauver les arbres. Les gens ramassent juste le bois mort pour les crémations. Mais de nos jours, qui sait combien de temps cet oran survivra ? »

Il me raconta ensuite comment les membres de la caste des Bishnoïs, qui prônent une forme très stricte de non-violence envers la nature sous toutes ses formes, avaient défendu leurs arbres sacrés, les khejris, contre les bûcherons envoyés par le maharajah de Jodhpur. Ils s’étaient cramponnés à leurs troncs pour empêcher les bûcherons de les abattre. Trois cents d’entre eux moururent avant que l’opération soit finalement annulée, et chaque année des rassemblements commémorent ce sacrifice. Je voulu savoir quand avait eu lieu cet épisode.

Mohan haussa les épaules : « Oh, il n’y a pas si longtemps. Trois cent vingt ans au plus. »

Source :
William Dalrymple, Neuf Vies, Le chanteur d’épopées

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