Saisonniers de l’Inde

Désert du Thar, Inde, décembre 2018. Alors que je marche en direction de Bhinyad, le paysage change et devient plus vert. Je vois bientôt un homme – il s’appelle Kailash – et deux femmes travaillant dans un champ, des Hindous, comme me le montre leur tenue. Ce sont des Bhils, comme ils me le diront bientôt. Je viens de quitter le Langa ki dhani, un village musulman, je remplace donc le « salam » par un « namaskar« . Je demande à Kailash ce qu’il cultive. « Du cumin ». Une des deux femmes s’approche, des bracelets blancs des poignets au biceps. Autrefois ils étaient faits avec des défenses d’éléphants, c’est aujourd’hui du plastique. Elle me demande simplement : « Quel village ? ». « France. Vous connaissez ? ». Elle et Kailash répondent tous deux par la négative. J’indique l’Ouest de la main : « Mon village est dans cette direction, à 6000km ». À vol d’oiseau je ne dois pas être loin.

Je prends congé et commence à marcher quand la femme m’appelle : « Vous boirez du thé ? » Difficile de refuser. L’autre femme, qui était restée à distance, l’interroge : « Qui est-ce ? ». « Un Blanc », lui répond-on. Kailash m’a rejoint. Je vois une maison de l’autre côté de la route : « c’est votre maison ? » « Non, mon village se trouve à trois ou quatre kilomètres de la frontière pakistanaise. J’ai des champs là-bas, que je cultive quand la pluie vient. »

Je comprends bientôt que la maison que j’ai vue n’est pas la sienne mais celle du propriétaire du champ pour lequel Kailash travaille. Il vit en effet dans un abri de paille, le temps de sa saison ici. Cela fait deux mois qu’il est ici. Il rentrera dans son village après Holi, vers le mois de mars. « Là-bas, il n’y a pas de maisons, que des jhumpas*. C’est très agréable », ajoute-t-il fièrement, sans se rendre compte, apparemment, combien ces mots sont à contre-courant des idées de beaucoup de ses compatriotes.

Kailash et sa famille prenant le thé devant leur abri

* Jhumpa : hutte ronde traditionnelle

2 commentaires

  1. C’est très bein comment tu as expliqué la situation de Kailash et sa famille et son abri. C’est un peu choquant de voir comment les gens vivent dans les villages du Rajasthan. Mais si tu l’as expliqué comme ça , cela semble serein.

    J’aime

  2. C’est très bien comment tu as expliqué la situation de Kailash et de son refuge. C’est un peu choquant de voir comment les gens vivent dans les villages du Rajasthan. Mais si tu l’as expliqué comme ça, cela semble serein.

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s