Jodhpur, Inde, décembre 2018. Si vous êtes déjà venus en Inde, vous avez forcément remarqué les bangles, ces bracelets multicolores dont les femmes raffolent. J’avoue que je ne m’y étais jamais intéressé, et je supposais que, loin d’être traditionnels, ces bijoux étaient tous en plastique. Et puis, lors d’une balade dans la vieille ville de Jodhpur, j’ai rencontré Mohammed, qui m’a invité à m’assoir près de lui, dans sa minuscule boutique, et nous avons discuté en buvant un chai, puis un autre.
Pour Mohammed, c’est une tradition familiale. Sa famille fabrique des bangles depuis plusieurs générations. Alors que je l’observais, il me dit à ma grande surprise que le bâton rouge sombre qu’il tenait dans ses mains, et qu’il réchauffait sur une plaque de métal au-dessus de la braise, n’était pas un morceau de plastique, ou plutôt, c’était un plastique naturel : c’était de la gomme-laque, de la résine qu’on récolte dans certains arbres, et qui est secrétée par un insecte : la cochenille. Cette résine une fois chauffée est recouverte de cire colorée, rouge, bleue, jaune ou même dorée, et travaillée pour avoir la forme d’un boudin qui est ensuite coupé puis enroulé sur une forme de bois pour lui donner son aspect final. C’est incroyablement rapide !
Un peu d’étymologie : le mot francais laque, tout comme l’équivalent anglais lac, sont issus du sanscrit laksha qui désigne à la fois l’insecte, la cochenille – qui pullule tellement qu’on croit en voire une centaine de millier, un lakh en hindi – et sa sécrétion, la fameuse gomme-laque.
