Maintenant que vous avez vu dans les articles précédents l’ensemble des dangers rencontrés par les voyageurs de la fin du XVIIe siècle qui se rendaient en Inde et que vous avez une idée du nombre d’entre eux qui ne reverraient jamais leur famille, tués par un boulet de canon, emportés par une maladie ou disparus en mer, pouvez-vous imaginer l’âge qu’avaient les plus jeunes matelots de ces vaisseaux ? C’était généralement vers l’âge de neuf ou dix ans seulement qu’à l’époque les garçons partaient pour la première fois en mer pour la pêche ou le commerce !
Suite à la bataille d’Anjouan, Robert Challe parle du plus jeune qui était à bord de l’Écueil :
Du lundi 3 juillet 1690
(…)
Le jeune Le Mayer, fils de M. Le Mayer, directeur pour messieurs de la Compagnie à l’Orient, dont j’ai parlé ci-dessus, qui n’a pas plus de douze ans & demi, n’a pas branlé de son poste & a toujours tiré avec un fusil plus lourd que lui, sans s’étonner du sifflement des balles & boulets de fusil & de canon. C’est un enfant qui témoigne beaucoup de coeur, & qui réussira sans doute, pourvu que la fortune le seconde : &, quelque chose que M. de Porrières, qui se faisait un scrupule d’exposer un enfant de cet âge, ait pu lui dire, il n’a jamais pu gagner sur lui d’aller se mettre en sécurité dans la fosse du chirurgien, & il a resté toujours auprès de lui sur la dunette. (t1, p.411)
Source :
Robert Challe, Journal d’un voyage fait aux Indes orientales, Mercure de France, 2002
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